dimanche 28 décembre 2014

Améliorons les chefs-d'œuvre (4)

Tandis que tout décline, que la Turquie s’embourbe doucement dans une dictature autocratique vaguement islamique et qu’on n’écoutera bientôt plus la musique qu’au milieu des craquements et des sauts aléatoires sur des grandes galettes noires malcommodes et fragiles, la rubrique « Améliorons les chefs-d’œuvre » s’enrichit régulièrement.

Le fait remonte à juin 2012.

Déjà abondamment condamné pour des larcins d’antiquités, un citoyen irlandais d’âge mûr frappait d’un violent coup de poing une jolie toile fraiche et automnale de Claude Monet exposée à la National Gallery de Dublin (le bassin d'Argenteuil et un bateau, 1874).
Ce qui sembla alors choquer la presse était surtout l’ancienneté du tableau, on insistait sur ses 140 ans, et l’estimation de sa valeur, 10 millions d’euros, insinuant que la destruction d’un tableau plus récent ou moins estimé aurait certainement été moins choquante, moins sensationnelle.

S’il est malaisé de comprendre les raisons du pugiliste, on parle comme toujours d’un ressentiment contre les institutions, les motivations de nombre de commentaires sur Internet sont limpides et pourraient être résumées ainsi « c’est un malade mental, un dégénéré qui devrait, au lieu d’être emprisonné et nourri avec nos impôts pendant les six ans de sa sanction, être éliminé d’une balle dans la tête. Tout cela pour un tableau sans valeur peint par un enfant. »
On ne s’étonnera pas, à leur lecture, de l’accablante apothéose des droits de l’homme sur toute la planète.

L’anecdote aurait eu peu de raisons de paraitre dans la rubrique « Améliorons les chefs-d'œuvre » si la Galerie nationale d’Irlande n’avait profité de la funeste occasion pour nettoyer la toile (sans toutefois ôter le vernis un peu gris), ce qui l’a éclaircie, et pour la renforcer d’une deuxième toile, puis d’un panneau solide et enfin la protéger d’une vitre, sans reflet dit la description détaillée des opérations de restauration sur le site du musée.

Et le Monet assisté, bionique en quelque manière, est à nouveau exposé à Dublin depuis juillet 2014.

dimanche 21 décembre 2014

Le règne des verts


Albert Kahn, banquier immensément riche par l’or et le diamant africains, s’offrait entre 1895 et 1910 quatre hectares (200 mètres sur 200) au cœur de Boulogne-sur-Seine et y installait un vaste paradis constitué d’un assemblage harmonieux de jardins typiques, japonais, anglais, français, vosgien, bleu…

En 1909 il lançait ce qui constituera le fonds photographique des Archives de la Planète, photographies en couleurs (autochromes) et reportages sur les cultures du monde, qu’il financera jusqu’en 1931. Philanthrope, il croyait à l’entente entre les peuples et pensait que le partage des cultures limiterait les conflits entre nations, les massacres de populations et les tueries homicides.

C’était un peu avant le premier conflit mondial.
Puis ruiné par la crise financière de 1929, il mourra pendant le deuxième conflit mondial, en novembre 1940, dans la maison dont il n’avait plus que l’usufruit, entourée des jardins qu’il avait conçus à « l’image d’un monde réconcilié ».

Depuis 1937 on visite ce jardin exceptionnel (et le musée des Archives) presque toute l’année, entre 11 heures et 18 ou 19 heures selon la saison.
   

dimanche 14 décembre 2014

Melzi

Du belvédère de la villa Balbianello, lorsqu’on regarde vers le nord-est la rive opposée du lac de Côme, on distingue, à un peu plus de 4 kilomètres, un palais blanc entouré de verdure. C’est la villa Melzi et son splendide jardin presque botanique.
Elle fut construite au temps où Napoléon Bonaparte s’était fait président puis roi d’une brève république d’Italie cisalpine, vers 1810, pour y loger son vice-président Francesco Melzi et accessoirement s’inviter à y fainéanter à la belle saison.

Depuis, tout ce que la civilisation occidentale a engendré de grands couples romantiques, de pianistes de génie échevelés et itinérants, romanciers diplomates et complexés, idoles pour films populaires ou vedettes de publicités pour cafés encapsulés gaspilleurs et nocifs, bref tout ce qui procure un peu de joie aujourd’hui à notre terne existence a longtemps séjourné ou séjourne encore dans ce paradis terrestre.

Il faut dire, pour parler comme les guides touristiques, que vous n’oublierez jamais le vaste jardin aux centaines d’essences, les monumentaux massifs d’azalées, notamment le jaune rhododendron ponticum au parfum printanier si obsédant, la silhouette épurée et funèbre des cyprès, les beaux marbres inexpressifs, l’air doux exhalé par le lac…









samedi 6 décembre 2014

Balbianello

Construite à la fin du 18ème siècle pour un haut prélat catholique de Milan la villa Balbianello, sur les berges du lac de Côme en Italie du nord, est connue pour avoir été récemment le décor de films populaires comme Star Wars ou James Bond.
Voici quelques vues du belvédère et des jardins...