lundi 7 décembre 2015

Améliorons les chefs-d'œuvre (9)

Qui n’a pas entendu parler de la comédie des deux maires ennemis du Mont-Saint-Michel, propriétaires de 80% des commerces de l’ile et du village, et qui se disputent depuis 30 ans l’administration municipale ?
Il faut dire que la beauté du site attire tous les ans deux millions de visiteurs (certains disent trois) qui consomment abondamment.

Et la cupidité des deux congénères s’est récemment exprimée à la faveur des grands travaux de désensablement et de retour à l’insularité du Mont.
Car il y a peu de temps encore les touristes étaient dans l’obligation de stationner leur voiture à plus de trois kilomètres de l’ile, puis de traverser à pieds les 1000 mètres de commerces du village (qui est devenu en quelques années le Disneyland de la galette bretonne) pour atteindre enfin la gare des autobus qui font la navette (incluse dans le prix du ticket de parking) jusqu’au pied du Mont, deux kilomètres plus loin.
Or le maire en exercice à l’époque du choix de l’emplacement du stationnement des navettes avait alors intrigué pour qu’il se situe précisément devant ses propres commerces. C’est ce qu’a conclu la justice, actionnée par le maire alternatif malchanceux, en punissant le coupable, pour prise illégale d’intérêt, d’une peine pécuniaire assez douce.

Finalement il a été décidé, certainement face au scandale et à la réticence de la clientèle, de faire partir les navettes depuis le parking des voitures. Le transporteur en tire un bénéfice certain puisque le prix du ticket a nettement grimpé, mais les habitants du village (qui sont tous commerçants) le regrettent, car les touristes, à l’aller comme au retour, ne sont plus obligés de côtoyer leurs boutiques.
Ne les plaignons pas, car le Mont-Saint-Michel, comme l’invention humaine, abonde en ressources insoupçonnées. Le village vient par exemple d’en trouver auprès d’une grosse banque également experte en scandales financiers et qui soutient le maillot jaune du prochain Tour de France.
L’image ci-dessus se passe de commentaires.

La loi n’autorise l’affichage publicitaire sur les monuments historiques qu’en cas de travaux de restauration et sous certaines conditions techniques et financières (articles R621-29.8, -89 et -90 du code du patrimoine), ce qui n’est certainement pas le cas ici.
L’affiche ne serait dit-on restée qu’une heure sur les vieilles pierres grises de l’abbaye, le 19 octobre 2015, le temps de faire la photo pour la conférence de presse des organisateurs du prochain Tour qui justement partira du Mont-Saint-Michel le 2 juillet 2016.
On la reverra alors sans doute plus longuement.

En conclusion, si vous êtes fatigués des paysages de carte postale et des clichés de l’architecture gothique, et recherchez les situations inattendues et les incongruités patrimoniales, prévoyez un séjour dans la région lors du départ du prochain Tour de France cycliste, mais vous risquez alors de ne pas y être seuls.
Et si la mesquinerie, la convoitise et les querelles d'un clocher qui appartient au patrimoine de l'Humanité mais ne surplombe que 43 âmes vous passionnent, abonnez-vous à ce blog que vous trouverez palpitant, « lemontsaintmichel.centerblog.net ».
 

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